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plus de 30 années de lutte contre l’exclusion
Le contexte des années 80
     

L’ASC trouve son origine dans ce contexte économique et social des années 80 dont les profondes mutations au niveau national vont renouveler l’approche et le traitement de la question sociale.

La notion d’exclusion avait vu le jour dès 1974 avec la parution du rapport de René Lenoir « Les exclus, un français sur dix », mais quelques années seront nécessaires avant qu’elle ne s’impose et ne devienne l’objet de politiques publiques.

Jusqu’à la fin des années 80, ce concept n’a d’autre utilité que de permettre aux chercheurs d’identifier les nouvelles typologies d’une pauvreté qui refait une apparition massive après la période de croissance dite des Trente Glorieuses.
Les politiques sociales sont donc principalement orientées en direction des personnes âgées et des familles des quartiers d’habitat social avec une extension à la notion de handicap.

Les structures associatives, pour l’essentiel caritatives, s’adressent de façon marginale à ce public au travers d’activités de distribution alimentaire et de vestiaires.

En réaction aux évolutions du marché du travail et de la précarité qui en résulte, des chômeurs s‘organisent au niveau national dans des mouvements de revendications et de défense de leurs droits.
Afin de favoriser la restauration du lien social, ils portent le projet de créer de l’activité économique dans des secteurs qui ne sont pas nécessairement couverts par les entreprises, dans ce domaine que l’on nomme celui des « petits boulots ».
Ces nouvelles formes d’organisation associative émergent autour de l’idée de solidarité en réponse à un constat de terrain que Robert Castel conceptualisera en qualifiant de désaffiliation la perte des liens sociaux et des réseaux qui frappe les personnes durablement exclues du marché du travail.

A Saint Nazaire, comme en témoigne la vitalité des mouvements coopératifs et syndicaux. la notion de solidarité est profondément enracinée dans les valeurs de l’éducation populaire qui ont fondé une tradition culturelle dans les années d’après-guerre.
Alors que les incidences de la restructuration industrielle commencent tout juste à produire localement des effets au plan social.

C'est dans cette mouvance qu’à l’initiative de quelques personnes une association dénommée Association syndicale des chômeurs voit le jour à la fin de 1984.

La création de l’association

 

   

L’identité de l’association va se construire en bénéficiant dès ses débuts de l’adhésion de personnes qui exercent une activité professionnelle et rejoignent les personnes sans emploi.
C’est le cas d’Yvonne PERNES dont l’engagement, au travers d’un mandat de présidente, va durer 25 ans ou de celui d’une professionnelle du travail social qui en assurera la direction.

Dès 1985, l’association décline l’objectif de lutte contre l’exclusion dans des statuts modifiés et prend le nom d’Association Solidarités et Créations.

Ses valeurs fondent une éthique qui place la lutte contre l’exclusion dans ses finalités bien avant que cette notion ne contribue à définir des stratégies d’action sociale et à générer des financements publics.
Elle est portée par un engagement citoyen qui articule le militantisme des bénévoles et une démarche professionnelle.
Les premières années d'existence de l’ASC seront placées sous le signe des épopées dans lesquelles un fort engagement militant étayé par une démarche de type professionnel tente de compenser la fragilité des moyens.
Les ressources dont dispose l’association sont alors dérisoires.
Elles se résument au montant des adhésions et à la disposition d’un local vétuste situé dans le quartier de la gare, un local en attente de démolition dans une ancienne cité d’urgence.
C’est là que quelques personnes vont s’employer à bâtir une structure associative qui va se trouver au fil du temps en première ligne de l’intervention auprès des publics « exclus » et aux prises avec les bouleversements des modes d’intervention auprès de ces populations. 

La création des services
     
C’est dans ce cadre également que sont créés  le SERDOM, un service de portage de repas aux personnes âgées et dépendantes et le TRAIT D’UNION, restaurant social et accueil de jour à l’intention des personnes qui cumulent des problématiques sociales dont l’absence d’emploi et/ou de logement ne sont que la partie la plus visible

 
Le SERDOM
     

Pour mener à bien un projet de création d’activité à vocation économique, l’ASC s’oriente vers un secteur d’utilité sociale afin de répondre à un besoin pour lequel il n’existe pas de réponse sur le territoire.

Il s’agit de la création du SERDOM, un service de portage de repas au domicile des personnes âgées et/ou handicapées qui voit le jour avec une convention avec le Centre Hospitalier de Saint Nazaire pour la fabrication des repas.
Le 8 décembre 1986, 8 personnes âgées inaugurent l’utilisation du SERDOM.
Le service doit rapidement faire face à une demande croissante soutenue par une orientation en provenance des services sanitaires et sociaux.
Cette montée en charge  va justifier de la création d’un premier poste à temps partiel pour la tournée de livraison et de celui d’un poste de permanente, employée à mi-temps pour développer l’ensemble du projet associatif.

 
LE TRAIT D’UNION
     

A ses débuts, le restaurant social va bénéficier d’un soutien des services déconcentrés de l’Etat dans le cadre des campagnes hivernales dénommées « Campagnes Pauvreté précarité » qui déterminent les actions spécifiques mises en œuvre durant les trois mois d’hiver.

A une petite dotation financière s’ajoute une dotation en produits excédentaires en provenance de la Communauté européenne.
Pour faciliter cet exercice, de son côté, la Ville met à disposition de l’association des mètres carrés sociaux dans un quartier d’habitat social, à la Bouletterie
Deux années de fonctionnement dans ces conditions suffisent à mettre en évidence que le service, utilisé par des familles du quartier, est inadapté aux objectifs de l’association qui vise un public de personnes isolées, désocialisées qui se trouvent en centre ville et sont concernés durant toute l’année par les problématiques liées à la précarité.
C’est ce type de constat qui amènera l’association à suspendre sa participation au dispositif « 1ers départs en vacances » dans lequel elle s’est investie pendant trois ans.
Promues par la Caisse d’allocations familiales, ces actions visent à permettre à des familles qui ne sont jamais parties en vacances d’en faire une première expérience.

Dans le même temps, reconnaissant l’utilité sociale de la mission exercée par le SERDOM, la municipalité a rapidement engagé des échanges afin d’apporter son soutien au fonctionnement du service.
Une  convention de mise à disposition 2 véhicules isothermes permettant d’effectuer les livraisons dans des conditions conformes aux exigences réglementaires est signée en 1990 .
D’autre part, le service relaye la préoccupation du Centre Communal d’action Sociale, soucieux d’apporter une aide matérielle aux personnes âgées dépendantes et une subvention peut être accordée aux usagers du service sous condition de ressources. 
Par ailleurs, le service s’engage à continuer à remplir la fonction de veille sociale qu’il exerce auprès des personnes âgées les plus isolées en inscrivant son intervention dans un large partenariat et en organisant les liens avec les familles, services sociaux dont services de tutelle ou médecins

L’évolution
     

L’évolution de l’association prend une nouvelle ampleur à partir de la loi instaurant le Revenu Minimum d’Insertion, en 1988.

Quand l’Etat délègue aux départements la gestion du dispositif RMI, la nécessité de trouver dans l’urgence des opérateurs va conduire le Département à passer des conventionnements avec des structures qui agissent déjà sur le terrain de l’exclusion.

Dès la mise en place du RMI, l’association s’était engagée dans la mise en place d’un dispositif qui préfigurait les futurs contrats aidés : les AIG (activités d’intérêt général)  consistant à organiser des activités socialement utiles pour des personnes allocataires.
Dans ce cadre, des personnes sans emploi étaient encadrées pour concourir à la réalisation des activités de l’association soit pour aider à fabriquer les repas du restaurant social  ou  pour visiter les personnes âgées usagères du service de portage de repas.
Ce renouvellement des modes d’intervention va entraîner des modifications substantielles pour L’ASC, liées notamment à la mise en œuvre d’un partenariat institutionnel favorisant la concertation entre les institutions et la nécessité de mettre en place un partenariat de terrain avec les autres acteurs du secteur de l’insertion.

C’est de cette façon qu’en 1990 les actions de l’association vont être intégrées dans les actions du Plan Départemental d’Insertion.

Les conséquences principales découlent de la distinction qui est faite entre l’accompagnement social réalisé dans le cadre du restaurant social et le secteur d’activités d’utilité sociale qui, requalifié en chantier d’insertion, est destiné à accueillir en contrat d’insertion des personnes en vue de les aider à réintégrer le milieu du travail de droit commun après une période d’accompagnement personnalisé.

Deux conventions sont signées avec le Conseil Général, l’une portant sur l’accompagnement social et le suivi de personnes accueillies dans le cadre du Trait d’union, la seconde concernant l’accueil et le suivi socio-professionnel de 15 personnes allocataires du RMI positionnées sur le chantier d’insertion par l’activité économique dans le cadre de contrats aidés (Contrats Emploi Solidarités).

Elles vont permettre d’envisager un fonctionnement pérenne avec la création d’un poste de travailleur social mais également, grâce à l’implication simultanée de la Ville qui participe au fonctionnement du restaurant social, accorde une subvention de fonctionnement et réhabilité un local loué par l’ASC. L’association exercera ses activités au 31 rue Emile Littré de 1990 à 2000.

Mais les nécessités d’évaluation des actions et des problématiques vont mettre en évidence au niveau local comme au niveau national l’émergence de difficultés liées à la désaffiliation et à la disqualification des publics accueillis.
C’est notamment le cas en ce qui concerne les problématiques de santé et de souffrance psychique qui ont acquis une visibilité tant au niveau du chantier d’insertion qu’au Trait d’union.
Si des problématiques de santé viennent rapidement se poser avec acuité dans le quotidien, en prémices à une extension à l’ensemble du champ social dévolu à l’exclusion et à l’insertion, c’est en raison de la position particulière de l’association au niveau local.
L’association propose, dans une dimension collective, un accueil informel sans exigence de contrepartie et organise les conditions de remise en lien de personnes déliées ou désaffiliées, de personnes qui ne font pas appel aux services sociaux.
Ces difficultés font émerger dans l’urgence des recherches de réponses, réponses individuelles, mais également réponses collectives dans la mesure où l’action va se trouver intégrée dans des programmes qui apportent, en même temps que des financements, des exigences d’évaluation.
A l’initiative de l’association et de médecins présents au Conseil d’administration, un réseau de santé de proximité, précurseur dans son genre, va être constitué en 1992.
Il sera sollicité pour intervenir et témoigner de cette expérience par différentes villes et diverses instances  (universités, Ecole de Santé publique, etc.)

 Le Réseau Santé
      Le Réseau Santé va fonctionner durant plusieurs années avec des liens privilégiés avec la psychiatrie publique de secteur, en se déployant sur plusieurs registres :
     
  • Un registre symbolique avec l’élaboration d’une Charte qui affirme que l’accès aux soins doit s’envisager dans le cadre du dispositif de santé de droit commun à l’exclusion de toute filière spécifique à la précarité.
  • Un registre d’action d’où découlera par exemple la mise à disposition d’infirmières du Réseau à la permanence de soins créée au foyer d’hébergement d’urgence de St Nazaire
  • Un registre de formation. Durant plusieurs années, des journées annuelles de formation pluridisciplinaire seront organisées localement afin de contribuer à la construction d’une culture professionnelle commune aux professionnels du secteur sanitaire et social.